Pedro Almodovar a filmé Tout sur ma mère, John Burnside écrit Un mensonge sur mon père. C’est que la volonté du poète écossais né en 1955, dont c’est le quatrième roman («ce livre gagne à être considéré comme un roman») traduit après la Maison muette, Une vie nulle part et les Empreintes du diable, est plus autobiographique que celle du cinéaste espagnol. Un mensonge, quoi de plus réel ? C’est parce qu’il a d’abord menti à un auto-stoppeur américain que le narrateur déroule ce qui devient le livre. La manière d’être écrivain de John Burnside consiste à traquer le récit partout, aussi bien sa nécessité que sa fatalité. «Chaque vie est un récit plus ou moins secret, mais quand un homme devient père, l’histoire est vécue non pas au service, mais dans la conscience permanente d’un autre individu, ou de plusieurs. Quel que soit le mal qu’on se donne pour éviter ça, la paternité est un récit, une chose racontée non seulement à, mais aussi par les autres en question.» A la fin du livre, le narrateur est père lui aussi. Mais, la plupart du temps, il est un fils, avec une mère «labyrinthe de contradictions» et un père qui est un enfant trouvé («nul ne découvrit jamais d’où provenait mon père») qui ne s’en est jamais remis et le fait lourdement peser sur sa famille où la mortalité infantile a déjà fait des ravages. On y manque d’argent et d’affection, et l’enfant devenu adolescent estimera la drogue (et même l’alcool dont
John Burnside face à la paternullité
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par Mathieu Lindon
publié le 22 janvier 2009 à 11h17
(mis à jour le 22 janvier 2009 à 11h17)
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