Menu
Libération
Critique

Polet vif et tranchant

Article réservé aux abonnés
Rues. Dans la peau d’un gosse de Barcelone.
publié le 22 janvier 2009 à 11h17
(mis à jour le 22 janvier 2009 à 11h17)

A part Excusez les fautes du copiste, une fable insolente sur le vertige de la copie en art, les livres du jeune Polet sont comme des films, au moins vingt-quatre images par seconde, par page, une allégresse de style, des personnages vifs qui courent les rues de Paris ou de Madrid et se passent le relais. Chucho, quatrième roman de Grégoire Polet, 29 ans, colle aux baskets d'un gamin de Barcelone. Pas n'importe lesquelles : des Nike, des Air Max, énormes, blanches, faites pour l'envol et le foot. Un cadeau de la Polaca. La Polaca est morte, coupée en morceaux, on a retrouvé son estomac, «mais pas dans la même rue». Chucho, 11 ans, sans doute fils de pute lui-même, l'apprend dès le deuxième chapitre et ne pleure pas.

«Barcelone, quartier populaire de Poble Sec, sur le versant de Montjuïc. Août. Chaleur.» Chucho marche, il a un trou dans une de ses poches. Tout à l'heure, il va se jeter dans les bras d'un élégant géant blond, presque roux, momentanément nommé Braco ; s'agripper à son torse, échapper ainsi aux gardiens du fast-food qui voulaient le refouler. Braco le serre contre lui et ne le laissera pas tomber, n'est-ce pas ? Braco, source de graves ennuis potentiels pour l'enfant, s'avère pourvoyeur d'un rêve : New York.

Le monde de Chucho, c’est Barcelone, point final. Il va à l’école, où il est bon élève, en attendant d’être mis au travail. Il dort tantôt chez la Dumbre, une énorme folle dont les attributs sont une lampe à huile,