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Libération
Critique

Roman rempart

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publié le 22 janvier 2009 à 11h17
(mis à jour le 22 janvier 2009 à 11h17)

De Maudit Manège à Criminels, de Lent Dehors à Frictions, Philippe Djian s'est assez déplacé à l'intérieur de ses propres frontières, sans cesse élargies, pour qu'on ne dise pas de lui qu'il écrit toujours le même livre. Comme tout bon écrivain, il est cependant fidèle à lui-même. Impardonnables est peut-être un roman où il est spécialement fidèle, utilisant un «je» qui nous est familier, et un décor, le Pays basque, dont on sait qu'il a été le sien.

Il y a vingt-cinq ans, ceux qui disaient «je» dans les livres de Djian, par exemple dans Zone érogène, s'appelaient Djian, décapsulaient des montagnes de canettes de bière, faisaient des frites pour les gosses de passage et s'installaient la nuit sur un tabouret afin de noircir des pages qui ne rapportaient pas des chèques énormes. Dans Impardonnables, «je» se prénomme Francis, il a une maison superbe où il dispose d'une chambre et d'un bureau à lui, avec un canapé de cuir imperméabilisé où Hemingway s'est jadis posé. Il est l'as de l'omelette aux cèpes, il soigne ses brûlures d'estomac au Pantoprazole et envisage le Viagra. Il voudrait nous faire croire qu'il est vieux. Il a 60 ans, comme Philippe Djian en 2009.

Francis, auteur considéré, «écrivain culte» selon ses propres dires, n'écrit plus de roman au moment où l'histoire commence, mais préfaces et nouvelles maintiennent sa réputation à défaut des ventes, qui furent considérables. Il continue de voyager po