La toute fin des années 1950 voit surgir de façon concomitante deux écrivains aux Etats-Unis. En 1959, Philip Roth, né en 1933, publie Goodbye, Colombus, recueil de nouvelles qui lui vaut immédiatement le scandale (et le succès), et John Updike, né en 1932 et qui est mort lundi à 76 ans d'un cancer de la gorge, fait paraître Jour de fête à l'hospice, roman de vieux d'un homme jeune où humour et dureté se mêlent selon un équilibre délicat qui sera sa marque.
L'année suivante, est publié Cœur de lièvre, la première aventure de Rabbit, le personnage le plus célèbre de John Updike, qu'on retrouvera dans trois autres romans aux ventes conséquentes dans le monde entier (par ailleurs récipiendaire du National Boow Award, Updike obtint deux fois le prix Pulitzer grâce à Rabbit). Le romancier Henry Bech sera aussi un de ses personnages récurrents. Mais si celui-ci réfléchit sur l'écriture, celui-là est plus ouvertement intéressé par la sexualité. En 1968, un an avant Portnoy et son complexe de Philip Roth, John Updike donne Couples, où sont décrits les aléas du libre échangisme dans une petite ville américaine.
Tout cela est fait avec beaucoup de distinction, car John Updike était un homme fort délicat, pilier du New Yorker et grand connaisseur de la littérature européenne sur laquelle il publia divers essais. «Je regrette d'une manière abstraite de n'avoir pas plus souffert, parce que je serais une personne p