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Libération
Critique

Deux Cava hors d’âge

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Mémoriel. Franquistes, républicains, amnésie et conspiration.
publié le 29 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 29 janvier 2009 à 6h51)

Un pays «repeint en gris» où les infos officielles sont gratuites, obligatoires avant le film et à la gloire du pouvoir, c'est… mais non, l'Espagne franquiste, bande de petits farceurs ! On est en 1945 et Enrique Montero espère, avec sa femme, que la fin de la Guerre mondiale apportera un peu de souplesse dans la dictature du caudillo. Il est dessinateur de presse et la censure fasciste (à ne pas confondre avec la libérale, déguisée en «goût du public» et cabinets d'audit) le confine à des gags somnifères. Pour avoir été républicain, il ne peut plus enseigner, ce qu'il préférerait. Il se lance donc dans une série à succès avec des bons, des méchants et des rayons qui rendent amnésique. Les planches qu'il dessine nous sont présentées en parallèle avec la vie de Montero, à laquelle elles servent de commentaire - d'autant qu'il se retrouve, par la faute d'anciens conjurés, coincé à son tour entre les bons et les méchants.

Par cette réflexion sur les déviances politiques, Cava dit avoir voulu pointer «l'importance vitale de la mémoire». Ça tombe excellemment : on avait besoin d'y penser en deçà des Pyrénées. Surtout ces temps-ci, avec les assauts répétés que subit la mémoire des idées et des arts, assortis de souvenirs-écrans dont le frauduleux «devoir de mémoire» qui tente de voiler toute intelligence critique de l'histoire.

Autant Federico Del Barrio use de l'ellipse et d'un expressionnisme noir où le discours se fait minimal, interstitiel, au