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Libération
Critique

Héritier de porc en proche

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Bottes. Le piteux destin d’un rejeton de l’Argentine kaki.
publié le 29 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 29 janvier 2009 à 6h51)

Né en 1943, le scénariste Carlos Trillo a vécu en Argentine sous la dictature. Son Héritage du colonel envisage cette période sous l'angle de la psychopathologie bouffonne en racontant les fantasmes d'un fils de tortionnaire qui aurait tenté de refouler aussi bien les exactions de son père que l'excitation qu'elles provoquaient en lui quand il était adolescent.

Réforme. Elvio Guastavino a eu pour géniteur un pervers moyen qui luttait «pour imposer, par la force, les grands préceptes chrétiens occidentaux» en violant et en électrocutant les jeunes filles gauchistes au nom de la réforme nationale. A l'heure où commence l'histoire, le père est mort depuis longtemps et Elvio est un vieux garçon cradingue qui vit avec sa mère grabataire sans jamais la laver, ni soigner ses escarres. Elle aussi fut une bonne croyante, choquée non par les tortures, mais par le fait que son mari, ayant «rapporté du travail à la maison», forniquait sous ses yeux avec des filles qu'elle considérait comme perdues.

Employé falot, Elvio n’a pas d’autre passion qu’une poupée artisanale dont il est fou amoureux et qu’il va reluquer tous les jours dans la vitrine d’un magasin en l’appelant «Luisita». Il n’a, hélas, pas assez d’argent pour l’acheter. Le dessin de Varela (né en 1971) utilise tous les moyens du grotesque contemporain (tendance manga ou indé américain) pour peindre sur la face du personnage l’«héritage» névrotique qui le mine davantage à mesure qu’avanc