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Libération
Critique

La lutte des cases

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Quelques auteurs sud-africains, espagnols et argentins pratiquent l’analyse, voire la psychanalyse des rapports de pouvoir. Quand la BD est politique .
publié le 29 janvier 2009 à 6h51

Né en 1993, bitterkomix est un magazine sud-africain fondé par deux Blancs, Anton Kannemeyer (sous le nom de Joe Dog) et Conrad Botes (1). L'Association nous en offre une compilation comprenant essentiellement des récits complets, des gags en une planche, divers travaux graphiques et aussi des essais écrits par Menu ou le dessinateur du Cap Andy Mason, regard extérieur à bitterkomix. Ce dernier nous apprend en particulier que, tout underground qu'elle fût, bitterkomix devint assez vite, par ses «attaques incessantes et caustiques contre la culture blanche et bourgeoise et contre les mythes creux de l'identité afrikaner», la revue culte «d'une jeunesse mécontente, en particulier chez ceux qui se sentaient coupables de complicité». «Hypocrites».Pour rappel, l'apartheid prit officiellement fin en 1991, mais comme le montrent Botes et Dog dans leurs planches, les habitudes restent solides. Joe Dog, en particulier, avoue une haine franche pour les Afrikaners post-coloniaux, qu'il pense «intolérants, hypocrites et antidémocrates, comme ils l'ont toujours été». Parmi son vomi, émergent souvent des remarques plus circonstanciées, tirées entre autres de sa pratique de l'enseignement : «Pour les étudiants blancs d'aujourd'hui, l'apartheid appartient à un lointain passé, par lequel ils ne se sentent absolument pas concernés. Quand je leur demande ce qu'ils pensent de l'absence d'étudiants noirs dans leurs cours, ils esquivent la ques