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Libération
Critique

Aux côtés des contras

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Sociologie. Plongée chez des Indiens guérilleros.
publié le 5 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 5 février 2009 à 6h52)

D'abord alliés aux révolutionnaires du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, marxiste) contre la dictature d'Anastasio Somoza au Nicaragua, les Indiens Miskitus ont rapidement rejoint les rangs de la guérilla «contra», aux côtés d'anciens gardes somozistes, financée par les Etats-Unis. Peu de temps après leur accession au pouvoir, en juillet 1979, les sandinistes ont en effet tenté de les embrigader, menaçant leur identité linguistique et culturelle et leur faisant subir brimades et vexations. Dans son Enquête sur une guérilla, le sociologue Gilles Bataillon, directeur d'études à l'Ehess et spécialiste de l'Amérique latine (1), rend compte de vingt-cinq années de voyages en Moskitia, dans les maquis miskitus d'abord, à chercher les raisons profondes de la rébellion en compagnie de ses acteurs ensuite.

La force de la première partie du récit réside tant dans le travail de reportage effectué sur le terrain par l'auteur, que dans la description de ses émerveillements, de ses difficultés, de son engagement aux côtés de guérilleros dont certains deviendront des amis. Sans jamais tomber dans le travers de l'exotisme, stigmatisé par Claude Lévi-Strauss soulignant que «l'aventure n'a pas de place dans le travail d'ethnographe».

Car Bataillon garde ancrées à l’esprit les principales questions qui le fixent dans le champ de son investigation : quels sont les rapports de l’observateur à ses objets scientifiques ? Comment en vient-on à s’intéresser à u