La romancière vietnamienne dissidente Duong Thu Huong, parisienne d'adoption, tient toujours à préciser qu'elle est «un écrivain dilettante». Elle le disait déjà en 2006, lorsque, venue en France pour dix jours au moment de la sortie de Terre des oublis, elle est restée. Elle le répète aujourd'hui, mais sur un ton différent, plus déterminé, plus virulent. «Ce n'est pas de la fausse modestie. Je peux faire mes bagages, et vous quitter à n'importe quel moment.» Elle l'a dit à son éditrice, Sabine Wespieser, et à son agent, Susanna Lea. Le «très beau rêve de se consacrer à la littérature» n'est pas pour elle : «Je ne peux pas lâcher mes camarades.» Dans la conversation, le mot «littérature» laisse tout de suite la place au mot «lutte».
Duong Thu Huong avait un vieil ami, qui était le leader de «la lutte pour la démocratie». Il est mort l'an dernier. La voilà qui incarne désormais la résistance en exil. «Les étudiants vietnamiens dispersés dans le monde entier viennent la voir», constate Sabine Wespieser. «Son livre devient un instrument politique» : au Vietnam, Au Zénith a été téléchargé par 160 000 lecteurs. «Je suis loin et en même temps, je suis au centre, grâce aux moyens électroniques. Je n'aurais jamais imaginé ça», dit Duong Thu Huong, qui peut «reprendre la lutte en plein jour» après s'être enfermée un an et une douzaine de semaines pour écrire ce grandios