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Portrait

Dieu reconnaîtra les siens

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Ruptures. De la rue d’Ulm à l’étude des monothéismes en passant par «la Cause du peuple».
publié le 12 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 12 février 2009 à 6h52)

Auteur d'une vingtaine d'essais, Jean-Claude Milner confie : «J'ai un fantasme de stérilité. L'idée que je ne suis pas quelqu'un qui écrit me traverse facilement. Je pense les choses de manière comprimée et le moment de l'écriture n'est pas agréable : je n'ai pas assez de patience.» De la patience, pourtant, il lui en aura fallu, puisque les réflexions qui l'ont conduit à écrire sur son expérience de la Gauche prolétarienne remontent, dit-il, «au milieu des années 80». Mais, pour tous les intellectuels qui en furent membres, comprendre la GP fut un travail de plusieurs décennies, souvent douloureux, et aux contours bien plus larges que les brèves années de militantisme.

Tout commence en 1965 à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm, dans le cercle des élèves d'Althusser. Jean-Claude Milner rencontre Benny Lévy, mais déjà, surgit une première scission : tandis que Milner et Jacques-Alain Miller, marqués par l'enseignement de Lacan, fondent les Cahiers pour l'analyse, Lévy et Robert Linhart optent pour l'engagement politique et créent l'UJC-ML, d'inspiration maoïste. A l'automne 1968, l'UJC-ML devient la Gauche prolétarienne et Milner, professeur à Nanterre, en est un militant de base. L'année suivante, à la demande de Benny Lévy, il rejoint le «bureau de rédaction» de la Cause du Peuple où il retrouve deux jeunes philosophes, Christian Jambet et Guy Lardreau. Puis, avec Linhart et André Glucksmann, il participe à l'ouverture du journal à ce q