La vie d’Oscar Wao est relativement brève, mais elle n’est absolument pas merveilleuse. Intéressante si on veut, mais atroce, ou en tout cas pathétique.
Mais si le narrateur de l'histoire, ce frimeur de macho caribéen de Yunior, a pris la vie de son ami Oscar comme sujet de son premier livre, ce n'est pas pour le plomber en mettant «pathétique» dans le titre, alors va pour «merveilleuse». L'autre chose qu'on pourrait dire à propos du titre, c'est que le roman ne raconte pas seulement la vie d'Oscar, mais aussi celle de sa sœur Lola et, surtout, de sa mère Beli.
Oscar est un bon élève, il passe son temps à lire - de la SF et de la fantasy - et à écrire, il se verrait bien en Tolkien caribéen du XXIe. Bien sûr, il est obsédé par les filles, comme tout mâle dominicain qui se respecte, mais, de ce côté-là, il n'a aucune chance. Petit, il tombait toutes les filles, vous l'auriez vu, dit sa mère, «que hombre», un vrai Rubirosa. Ça s'est gâté quand il a commencé à prendre du poids. Aujourd'hui, Oscar est obèse et nul avec les filles, il se fourre régulièrement dans un engrenage «du type restons amis, le fléau de tous les tachons»,et se retrouve à écouter des donzelles lui confier en soupirant à quel point leur copain a une grosse bite. Résultat, à 23 ans, Oscar est toujours puceau. Tout ça serait déjà assez malheureux, mais là où il vit, un bout du New Jersey uniquement peuplé de Dominicains, c'est une tare absolue.
Mégère. La