Menu
Libération
Critique

Ne me quitte pas

Article réservé aux abonnés
Préférence. D’excursions philosophiques en mots entendus sur le divan, Anne Dufourmantelle dessine, dans sa «Psychothérapie de la vie amoureuse», la carte du cœur blessé : querelles, trahisons, séparations et nuits blanches.
publié le 12 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 12 février 2009 à 6h52)

On a beau dire qu'il embrase les corps et les cœurs, qu'il fait toucher le septième ciel, qu'il enchante l'existence et lui donne un sens, qu'il est assez fort pour sortir la vie des plus sombres tunnels de la désespérance et assez fou pour vous faire croire capable de voler, d'être Mozart ou de déplacer les montagnes, on a beau dire que sans lui, on n'est pas grand-chose, condamné à l'errance, la déshérence ou l'insignifiance, on a beau dire ce qu'on voudra, l'amour, un jour ou l'autre, fait mal et rend malade. Ses maux font certes les chants les plus beaux, mais, d'ordinaire, ils sont comme la foudre qui abat l'arbre centenaire : on se croyait au pic du monde et voilà qu'on se fracasse la tête contre les murs, les nuits de chaleur sont des nuits de douleur et d'insomnie, les jours sont sans fin, vides, absurdes et rien ne vaut plus la peine. Si seulement les chagrins d'amour témoignaient de l'absence d'amour, de l'amour trahi, mourant d'inanition, fini, et qui finit par s'oublier ! Mais non ! Ils sont là et font tourner le sang quand l'amour est là, quand, aimant ou aimé, on craint de ne pouvoir aimer assez ou d'être abandonné, quand la jalousie vous étreint le ventre et désoriente la raison, quand la trahison détisse toutes les «loyautés secrètes» tressées depuis l'enfance, quand les bisbilles, puis les disputes, puis les scènes et les haines empoisonnent chaque heure de chaque jour !

Alors, comme on dit en cas d'accident, en cas de panne ou d'incendie :