L'abus de précaution est-il nuisible à la santé (et à la précaution même) ? Ne serait-il pas plus précautionneux de n'user qu'avec précaution de ce fameux principe ? Telles sont des questions en filigrane dans Principe de précaution, le deuxième roman de Matthieu Jung (après le Vague à l'âme paru chez Scali en 2007). Le héros est un trader pas haut de gamme pourvu d'une femme et de deux enfants, une fille en sixième et un adolescent dont l'ingratitude de l'âge se manifeste contre son père. L'intrigue se déroule en 2004-2005, au moment des manifestations étudiantes contre les lois Fillon, où on a pu croire que se mettait en place un soir de violence, un racisme antiblanc et des campagnes antitabac, antimisogynie, antisucre, antiraciste, antihomophobie qui trouvent toutes leur place dans le roman. Si certains s'inquiètent d'«une dérive hygiéniste à l'américaine», le narrateur n'est pas de ceux-là. «Personne ne souhaitait mettre au monde un enfant difforme et encore moins crever avant l'âge, dans d'infinies souffrances, d'un cancer du poumon provoqué par les cigarettes des autres, fussent-ils ses parents. La mort a quelque chose de tout à fait inacceptable quand on y réfléchit un peu.» Une autre question que pose humoristiquement le roman est : par précaution, est-il préférable de réfléchir soi-même un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout ?
L'air du temps est le sujet du livre, le narrateur se faisant l'écho sans distance des inqu