«J’allais avoir 26 ans. J’enseignais la philosophie dans une petite ville du nord de la France. Je vivais seul, pour la première fois de ma vie […]. Je m’étais éloigné de mes amis, de la politique, qui m’avait tellement occupé les années précédentes, enfin d’une certaine frivolité estudiantine et parisienne. […] Beaucoup de tension, de passion, d’exaltation. Beaucoup de solitude et de désarroi. Beaucoup d’angoisse et d’ambition.» En 1978, André Comte-Sponville connaît les affres du jeune normalien lâché dans une classe de terminale. Trente ans plus tard, le même est un philosophe heureux. Succès de librairie, aisance de l’écriture, vivacité du raisonnement, clarté - voire transparence - des concepts. Adieu l’angoisse !
Du corps n'est pas son dernier livre. C'est même très exactement son premier. Il était resté inédit jusqu'à présent, voici qu'on le publie comme un document d'une valeur particulière - le crâne de Comte-Sponville jeune, aurait dit Alphonse Allais. Le livre prend la forme d'un recueil d'aphorismes, de fragments de raisonnement, une discussion de soi à soi. «J'enseignais en terminale, seize heures par semaine.Cela me confrontait en permanence aux grands auteurs, pour préparer mes cours, et à moi-même, dans mes moments de méditation. Le plus simple me parut de noter, lorsqu'elle venait, telle ou telle idée qui me paraissait vraie, telle ou telle formule qui me semblait forte… J'achetai un cahier.» Qui sait si ce cahier ne sera p