En 2007, le prix Médicis du roman étranger récompensait en France les Disparus (1) de Daniel Mendelsohn, un intellectuel américain qui allait désormais faire partie de notre paysage littéraire. Romanesque, les Disparus l'était incontestablement, qui exposait les méandres d'une gigantesque enquête, de manière à raconter, à travers elle, le destin d'une famille juive en Pologne (aujourd'hui Ukraine), six personnes assassinées pendant la guerre, gagnant, une par une, une sépulture grâce à leur petit cousin new-yorkais. Ce n'était pas un roman, tout en étant de la littérature.
L'Etreinte fugitive, explique Mendelsohn dans sa préface, a été écrit avant, et constitue le premier volet de ce qui sera, avec les Disparus, un triptyque. Il s'agit d'un essai d'egohistoire, comme on parle d'autofiction. De quoi est tissée l'identité d'un individu ? Quelle est sa «grammaire», d'où vient son étymologie ? On retrouve le goût de l'auteur pour le langage, l'origine, les mythes, les tragédies et la culture grecques, qu'il pose souvent en contrepoint de son récit.
«Hobbies».Enfant, il se fait le dépositaire de l'histoire et de la légende familiales, de préférence du côté de sa mère, collectant photographies et témoignages. La généalogie le passionne autant que l'archéologie, «deux hobbies» qui le mènent à «l'apprentissage des langues». La figure centrale, comme dans les Disparus, est le grand-père maternel, séducteur polyg