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Libération
Critique

Du guy pour l’hiver

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publié le 26 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 février 2009 à 6h52)

A propos du krach, on peut lire ça : «L'immense catastrophe financière de ces temps derniers vient de prouver d'une façon définitive (ce dont on se doutait un peu, d'ailleurs, depuis pas mal d'années) que la probité est en train de disparaître. C'est à peine si on se cache aujourd'hui de n'être point un honnête homme, et il existe tant de moyens d'accommoder la conscience qu'on ne la reconnaît plus. Voler dix sous est toujours voler ; mais faire disparaître cent millions n'est point voler.» L'article date de 1882, il est signé Guy de Maupassant, qui ajoute : «Des hommes à qui leurs fonctions et le mandat qu'ils ont, et les dispositions mêmes de la loi, interdisent tout jeu de Bourse, sont convaincus d'avoir trafiqué sans vergogne, et, quand on le leur prouve, ils font en riant un pied de nez et en sont quittes pour aller manger en paix les millions que leur ont donnés des opérations illicites.» Les éditorialistes contemporains le recopient volontiers, mais il est moins prévisible qu'eux et poursuit en affirmant que, si la pudeur se perd, elle est trop relative pour qu'on se plaigne de ses fluctuations. Et il se souvient d'une Algérienne nue qui, pour protéger la sienne, se couvrait le visage mais non le corps : «Nous étions dans le pays des autruches ! La nature n'a-t-elle pas manifestement donné le même instinct aux femmes et aux oiseaux du désert ? Il leur suffit de se cacher la tête.»

Maupassant a 32 ans, ses premiers contes l'ont fait connaître,