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Libération
Interview

«Traduire le sans-mot en mots»

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publié le 26 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 février 2009 à 6h52)

«Le Titien est un des peintres que j’admire le plus. Une des choses qui m’intéressent le plus chez lui, c’est la façon dont sa peinture change avec l’âge. Ses dernières visions sont extraordinaires, il est rare d’avoir une vision tardive aussi claire et accomplie. Ce livre a-t-il à voir avec la critique d’art que j’ai pratiquée il y a cinquante ans ? Parmi les étiquettes qu’on me met, il y en a une que je déteste, c’est critique d’art. C’est vrai que, pendant sept ans, j’ai écrit des critiques, mais je ne pense pas que ce soit un métier, et je ne pense pas qu’on puisse faire ça longtemps.

«Au bout d’un moment, on devient mauvais. La critique littéraire est différente : on utilise le langage pour regarder le langage, il y a un dialogue entre les deux. Dans la critique d’art, il est très difficile de trouver des mots qui parlent d’un langage sans mot mais qui est néanmoins un langage immensément nuancé et complexe. Faire cette traduction exige un état un peu halluciné. Voilà pourquoi il est si rare que ça marche. Quand je relis mes "critiques d’art", je vois que, très souvent, je racontais des histoires : comment un tableau est arrivé là, pourquoi il restera dans les mémoires, ou pas.

«Pour en revenir à mes livres, on y trouve souvent des images à côté du texte. Je vis énormément à travers mes yeux. J’ai très peu de facilités verbales, j’écris lentement, mais il y a une chose que j’ai, c’est une immense sensibilité pour les métaphores visuelles. Quand j’essaie d’écrire, ce sur q