Menu
Libération
Critique

Tresvaux public

Article réservé aux abonnés
France. 1975-2005, les Trente Psychotiques.
publié le 26 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 26 février 2009 à 6h52)

Ce premier roman ressortit à un genre longuement exterminé et moqué par l’idéologie libérale : l’analyse psychopolitique. Où l’on voit comment le politique s’occupe de nous, de notre chimie cérébrale, nous dope ou nous plonge dans la dépression. Et aussi comment le goût du pouvoir s’articule à la sexualité. Mais il est désormais interdit, on le sait, d’interpréter le réel et de lire des rapports entre des champs que le pragmatisme sépare artificiellement.

Xavier Tresvaux, lui, met les pieds dans le plat : «J'ai ou je vais avoir 18 ans, la nuit en pension, tous les mardis soirs j'écoute Lune de fiel sur Future Génération, l'émission de David et Zaza qui, dans moins de deux ans, vont mourir du sida et libérer un espace énorme de libre discussion aseptisé. Les foyers et les sexes sont parallèlement équipés de Minitel et de capotes.» Son narrateur, Stanislas Berthier, est né en 1970, comme lui. Mais, pas comme lui, il nous raconte les trente dernières années de la France depuis la prison où il est pour on ne sait quelle raison. Peut-être est-ce, par une mise en abyme ou une prescience ludique, à force d'avoir critiqué Nicolas Sarkozy ? Car l'homme dont le patronyme est un mot-valise pour «sarcome de Kaposi» est l'autre héros de ce texte critique et autocritique qui croise également Chirac et Villepin aux alentours de 2005. Et les Gogols, y compris Berthier, c'est la France qui a élu (ou non, d'ailleurs) «Sarkozy le psychotique» dont l'ambition