Vient un moment, dans le nouveau roman de Jaenada, où se pose le problème de l'endurance, à la fois pour le romancier et pour son personnage. Cela se passe autour de la page 79. Pour le personnage, un vacancier en Italie, il y va de sa vie. Coincé par un incendie sur la plage, avec sa femme et leur petit garçon, à trente mètres des arbres, il a vu la fumée qui «se couchait sur la mer à la hauteur du snack-buvette». Pour le romancier, il faut honorer le contrat passé avec le lecteur : tenir encore deux cents pages, après un début parfaitement séduisant.
Bulots.Sans trop en raconter, on peut assurer deux choses : le personnage s'en sort, puisqu'il est toujours là pour narrer ses aventures. Quant à l'auteur, tenté par la solution du flash-back, il pourrait en abuser, multiplier les souvenirs, les prolonger de manière à échapper à la famille piégée par le feu, on sent que son imagination ne serait pas en reste. Par exemple, le personnage (il s'appelle Voltaire) qui longe le rocher couvert de moules afin de gagner la plage d'à côté en passant par la mer, aidant son fils (Géo) et observant sa femme qui s'applique à garder le menton hors de l'eau (son nom est Oum) tout en soutenant leur vieille amie Ana Upla, repense à leur deuxième soirée, leur deuxième dîner d'amoureux. Elle avait prétendu aimer les fruits de mer, et elle était là, en larmes devant ses bulots, chez Charlot, place Clichy, une adresse sérieuse. Pourquoi pleurait-elle sur ses bulots, Jaenada