Menu
Libération
Critique

Un roi divertissant

Article réservé aux abonnés
pourquoi ça marche Nicolas Ier
publié le 5 mars 2009 à 6h52
(mis à jour le 5 mars 2009 à 6h52)

A la Cour, le roi absolu règne absolument, mais il ne s’appartient pas. Il est «notre souverain», livre son intimité, se lève et se couche sous les yeux de tous. De lui et des seigneurs du Royaume, on ne cesse de commenter un éclat de colère, un moment de faiblesse, une rougeur d’humiliation, un tremblement : les corps s’exposent. A l’inverse, sur l’écran de télévision, qui est notre nouveau Versailles, l’omniprésident s’agite, occupe l’espace et le temps de cerveau disponible. Mais, à l’abri du flot d’images, il poursuit sa vie d’oligarque enrichi, villa chic, Rolex, femmes belles comme des stars, soirées jet-set, lunettes noires, conseillers occultes et tout-puissants. Les corps, ici, se dérobent.

Comment parler du corps des hommes politiques à l'heure de l'absorption du réel par l'image ? Comment raconter la vie quotidienne de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement sans tomber dans la chronique télé ? Comment retrouver la minutie et la cruauté des mémorialistes du Grand Siècle, du Grand Roi ? Par un grand saut au-dessus des siècles, justement. Par un retour à l'épure royale. Nicolas Ier, «notre Souverain Pressé», «notre Brutal Monarque», «notre Prince Commercial», «notre Piaffant Divorcé» : tel est le héros de Patrick Rambaud, pasticheur averti (Barthes sans peine, Marguerite Duraille), passionné d'histoire (surtout napoléonienne), lecteur du cardinal de Retz, de Saint-Simon, de la Bruyère («un vieil ami»).

L'idée elle-même ne prétend pas à