Jean-Jacques Sempé, 76 ans, dessine depuis plus d’un demi-siècle pour les magazines français (Paris Match, l’Express) ou étrangers (New Yorker).
Comment est né le Petit Nicolas ?
Le Moustique, un journal belge, m'avait demandé un dessin humoristique avec un petit garçon. Je l'avais appelé Nicolas en voyant une publicité pour les vins Nicolas. Chaque semaine, j'apportais mon dessin du Petit Nicolas à l'agence World Press, qui le transmettait au Moustique. C'est là que j'ai rencontré René Goscinny, qui venait de passer plusieurs années à New York, ce qui m'impressionnait beaucoup. On a bavardé et, lorsque les éditions Dupuis m'ont demandé de transformer Nicolas en bande dessinée, je lui ai demandé d'écrire les scénarios. Ça a duré quelque temps, mais je n'ai jamais aimé faire de la BD : je n'étais pas à l'aise avec les petites cases. Je rêvais de contes à illustrer. Je l'ai dit à René et, lorsque Sud Ouest nous a contactés, on a fait le Petit Nicolas.
Des contes sur l’enfance ?
Sur l’enfance rêvée, plutôt. Ni René ni moi n’avions eu une enfance merveilleuse, et on a profité du Petit Nicolas pour vivre le contraire. Dans ces histoires, quand un gosse reçoit un coup de poing, ce n’est pas grave ; alors que, dans la vie réelle, ça peut faire très mal. Si les parents se disputent, ça amuse les enfants - lorsque c’est vrai, ça peut les bouleverser.
Parliez-vous de votre enfance ensemble ?
J’étais très prolixe sur le sujet : l’école, les colonies de vacances, le foot. René, lui, se livrait peu et ne faisait pas la différence entre un