Faut-il être écrivain ou lecteur pour éprouver que la langue est vivante, et jouir de sa perpétuelle création ? Non. Il suffit de la parler, de l'écouter. On redécouvrira cette vérité première avec deux livres jubilatoires, qui exercent notre esprit et notre ouïe. Là où Roland Barthes faisait résonner le poétique «bruissement de la langue» à l'œuvre dans la littérature, Daniel Percheron, directeur de la revue Communications, cède au charme plus prosaïque des «bruits de langue» entendus «au zinc ou dans le bus», aujourd'hui ou autrefois. Classant lui-même sa collecte par ordre chronologique (de 1999 à 2006 pour ce volume), l'auteur souligne combien l'usage des mots, mobile, créatif et changeant, souvent «monnaie légère de deux ou trois saisons», est soumis au cours du temps. Ainsi, traduire BCBG par «bon chic bon genre» ou par «beau cul belle gueule» est un indicateur de génération sans faille - faites le test autour de vous. De même, si vous êtes ému de retrouver «baisse le capot, on voit le moteur» ou «passe-moi le couteau qui coupe», vous avez sans doute à peu près l'âge de l'auteur.
«Enfantin».Comme les Années d'Annie Ernaux ou le Je me souviens de Perec, l'ouvrage rappelle que les mots sont la chair du temps et la matière de la mémoire, fruits de saison ou «petits plis d'une autre époque». Il nous invite aussi à réapprendre les plaisirs simples que la langue offre tous les jours, po