Par un curieux hasard, un même désir quasi obsessionnel de classement et d'accumulation se trouve actuellement au cœur de deux entreprises livresques singulières. L'Encyclopédie des guerres orchestrée par Jean-Yves Jouannais et Paris dans la collaboration de Cécile Desprairies se présentent comme des objets isolés, des machines de guerre célibataires que l'on est tenté d'accoupler tant l'une et l'autre présentent d'affinités électives. À l'origine de ces deux projets, une même obsession pour une thématique vieille comme le monde : la guerre. Et une invention qui, pour ces deux auteurs, passe par une pratique vieille comme l'écriture : l'inventaire. Soit la même volonté d'inventer une forme pour dire l'innommable et l'absurde des conflits.
Chaque mois, depuis la rentrée de septembre, l'écrivain et critique d'art Jean-Yves Jouannais, auteur d'Artistes sans œuvre et de l'Idiotie, se livre à une exploration de «presque» toutes les guerres. Devant le public attentif du centre Georges-Pompidou, il lit la matière mouvante de son Encyclopédie : une collection de citations d'historiens, de spécialistes de polémologie, de journaux de guerre, d'archives, qu'il classe, répertorie et annexe sous forme d'entrées, qui comme dans tout ouvrage encyclopédique digne de ce nom commence à la lettre A. D'«Abîmés» à «Zoologie», en passant par «Boum», «Fumier» ou «Maman», son encyclopédie, qui commence avec l'Iliade et se termine précisément à Hiroshima le 6