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Critique

Commissaire Sarfaty et les aventuriers du Prophète

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Enquête. Un flic-philosophe déchiffre le testament de Mahomet dans un polar érudit et nerveux.
publié le 19 mars 2009 à 6h53

Ce qui rend la genèse des grandes religions fascinante, c’est qu’elles procèdent comme l’assassin une fois son crime commis : elles cherchent à brouiller les pistes, à masquer les traces qui permettraient de remonter à la source, sans jamais y réussir totalement. D’où la démarche de détective des philosophes des religions qui, d’indice en indice, s’efforcent de rechercher les anciens cultes dont elles sont issues : le monothéisme du roi égyptien Aménophis IV (ou Akhénaton) et les mythes babyloniens pour la Bible hébraïque, le brahmanisme pour le bouddhisme, la Thora pour le christianisme…

Pour l’islam, l’affaire se complique : les zélotes du Caire, de Téhéran ou de La Mecque n’ont toujours pas admis que l’Histoire se penche sur l’histoire sainte et sur les conditions qui ont permis sa naissance ; on l’a vu encore en 1972 lorsqu’on a interdit l’accès aux chercheurs d’un palimpseste proto-coranique découvert au Yémen. C’est pourtant ce à quoi se risque, au péril de sa vie, le commissaire Sarfaty, un érudit tombé dans la police, un flic décalé qui disserte sur l’épineuse question de l’abrogé et de l’abrogeant dans certains versets du Coran, un humaniste spinoziste qui ne dédaigne pas la compagnie des armes de poing, un Juif puritain amateur de poésie amoureuse préislamique. L’enquête est faite pour lui : Paris est à feu et à sang à cause d’un codex indéchiffrable, écrit dans une langue quasiment perdue qui pourrait être… le testament de Mahomet.

Evidemment, la recherche de l’ines