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Interview

"J'adore les contraintes, elles produisent de la liberté"

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Claro, traducteur de Seth, a opté pour l'alexandrin.
publié le 19 mars 2009 à 6h53
(mis à jour le 19 mars 2009 à 6h53)

Claro aime les défis : il traduit Vollman, Gaddis, Gass… Il est aussi écrivain. Son dernier livre, le Clavier cannibale (Inculte), parle justement de ses lectures et de ses traductions.

Pourquoi et comment vous êtes-vous lancé dans cette traduction ?

D’abord, c’est génial de se dire, une fois dans ma vie, je vais avoir la chance d’écrire 594 sonnets, 8 316 alexandrins, c’est assez grisant. Mais j’ai commencé par tâtonner un peu. En anglais, Vikram Seth a utilisé le tétramètre iambique, qui correspond grosso modo à un octosyllabe. Mais, en traduisant de l’anglais vers le français, on a ce que les professionnels appellent un «coefficient de foisonnement» : le texte français est plus long de 10 à 15 %. Du coup, je me suis dit, l’octosyllabe, ça ne va pas être possible. J’ai hésité avec le décasyllabe qui aurait été plus proche, mais qui me gênait parce qu’il n’est pas très souple.

Par ailleurs, Golden Gate a cette forme en sonnet, qui nous parle vraiment à nous, Français, deux quatrains et deux tercets, sauf que les quatre strophes sont en un seul bloc. Je me suis dit, il faut le faire en alexandrins, c'est quand même le vers français par excellence. C'est aussi très narratif, et j'avais comme modèle les livres de Raymond Roussel, surtout la Seine, un roman en vers où on voit que, avec l'alexandrin, on peut faire du dialogue, du prosaïque, du trivial presque. Et puis je trouvais intéressant que le texte renaisse en français, avec ce que j'appelle la grande foulée de l'alexandrin, qui permet d'emmener le lecteur.

Et les rimes ?

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