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Libération
Critique

La profondeur du champ de bataille

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Montage. Didi Huberman relit Brecht pour «voir» la guerre.
publié le 19 mars 2009 à 6h53

Georges Didi-Huberman est sans doute l'un des plus importants historiens d'art, ou, devrait-on dire, philosophes de l'art, si son souci premier est de «lire le temps» et «lire les images où le temps a quelque chance d'être déchiffré», et si ses études cousent l'histoire de l'art à la philosophie (et à la psychanalyse) pour circonscrire avec les mots ce qui toujours aux mots échappe : le champ visuel. On lui doit entre autres, comme le reconnaît Karl Sierek (lire page précédente), la plus «profonde et stimulante histoire intellectuelle» du projet d'Aby Warburg - qui a changé toute l'esthétique d'aujourd'hui - sinon la critique du «réductionnisme iconologique» d'Erwin Panofsky, Fritz Saxl ou Ernst Gombrich, souvent reconnus «comme les seuls successeurs et héritiers légitimes de Warburg».

Avec son nouveau livre, Quand les images prennent position, L'Œil de l'histoire, 1, Georges Didi-Huberman donne une certaine inflexion à sa réflexion sur l'image («comme par un mouvement de respiration ou comme par un rythme de diastole et de systole, l'image bat. Elle oscille vers l'intérieur, elle oscille vers l'extérieur. Elle s'ouvre et se ferme») et pose les bases d'une «politique de l'imagination».

«Puissance du voir». Qu'est ce que voir ? Pour voir faut-il savoir, ou savoir pour voir ? Pour voir, il faut prendre position, prendre une position entre l'approche et l'écart - comme celle du «peintre qui s'écarte de sa to