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Libération

Le faux Vila-Matas raconté par lui-même

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publié le 19 mars 2009 à 6h53

On pourrait prétendre que l'oeuvre d'Enrique Vila-Matas, né en 1948 à Barcelone, tend à populariser l'élitisme. C'est l'impossibilité théorique de cette tâche qui le place face à ce qu'il appelle l'«imposture», titre d'un de ses premiers livres. L'éditeur français présente Journal volubile, qui va de décembre 2005 à fin avril 2008, comme un «journal métaphysique». Ainsi que tous les personnages de Vila-Matas, le narrateur rend compte d'une existence où la littérature est l'élément principal, la grille non pas d'interprétation mais d'herméneutique, le moyen de se confronter pour de vrai aux mystères vitaux. Dès la deuxième page, il se situe «dans le sillage duchampien», Marcel Duchamp étant un artiste «qui s'était sagement libéré de toutes les attaches stupides de l'art». Depuis des livres et des livres, Vila-Matas, adepte de la citation glissante - c'est-à-dire des phrases vivant leur vie indépendamment de celui qui les a écrites, qui peuvent se retrouver sans plus de précision dans la bouche d'un de ses personnages, dans la lignée de Jorge Luis Borges inventant Pierre Ménard écrivant un tout autre Don Quichotte que Cervantes, quoique mot à mot le même -, se passionne pour les écrivains qui n'écrivent pas ou plus. Ici, il dit avoir «besoin d'un écrivain qui soit témoin de tout, qui emboîte mes pas et le raconte, c'est-à-dire que je devrais embaucher un écrivain qui raconte comment j'ai renoncé à l'écriture, comment je me suis appl