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Libération
Critique

Par-delà le bien et le Mann

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Préférence. La montée et la chute du nazisme vue essentiellement d’exil par l’auteur du «Tournant» et fils de Thomas : Klaus Mann.
publié le 19 mars 2009 à 6h53

Klaus Mann, fils de Thomas et neveu de Heinrich, n’a pas attendu que les nazis soient au pouvoir pour éprouver un dégoût absolu envers eux. Il s’exprime dès le début des années 30 avec un naturel sarcastique et blessé, comme un souffle de l’esprit au cœur, et ses articles de combat rappellent d’abord ceci : avoir raison tout de suite, c’est-à-dire trop tôt, comprendre ce qui se joue quand trop peu de monde veut le voir ou le croire, est une étrange épreuve, pleine de solitude et de masochisme.

Montagne. Mann sait qu'il est un exilé, un homme qui doit «faire ses preuves face à notre peuple et aussi face au monde» (et encore, ajoutera-t-on, face à son père et à son oncle). Il ne cesse donc de rabâcher la vérité tantôt sur des sourds, tantôt sur des lâches. Puis, quand elle finit par l'emporter, la guerre froide s'installe et pour d'autres raisons il se tue. La vérité aide peut-être à vivre, mais, comme l'écrivain, c'est un animal hors du terrier, fragile et instinctif, palpitant la chamade, une bête non pas cachée, mais isolée. Il n'y a qu'au début, en 1925, que Mann se trompe par optimisme désespéré, lorsqu'il exprime sa «conviction sacrée» que l'Allemagne est «le sol où, après bien des peines et des luttes, l'avenir a enfin le droit de naître», puisque «c'est le pays qui fait le plus d'efforts». Pour une fois, son espoir le trompe sur la vérité. Ensuite, ils s'unissent.

Ces articles furent pour la plupart écrits en exil (après 1933), par un h