D'un côté, les documents-choc, les coups éditoriaux, l'art de la polémique ; de l'autre, le roman français, ses chuchotements suaves, ses manœuvres florentines. Fayard et Grasset sont deux éditeurs que tout oppose, ainsi que l'illustrent leurs derniers succès de librairie. Le Monde selon K., de Pierre Péan, un violent réquisitoire contre Bernard Kouchner, pour la première ; Encyclopédie capricieuse de tout et de rien, de Charles Dantzig, succession de listes aussi érudites que sciemment inutiles.

Transition. Fayard et Grasset vont pourtant devoir apprendre à vivre ensemble, sous la houlette d'un PDG commun, Olivier Nora, 49 ans. Celui-ci dirige Grasset depuis dix ans. A compter du 8 avril, il va prendre la présidence de Fayard, succédant ainsi à Claude Durand qui aura occupé le poste pendant vingt-neuf ans (lire ci-contre). Pour assurer la transition, Claude Durand restera conseiller du président et membre du conseil d'administration et continuera de travailler avec ses auteurs à succès : Jacques Attali, Erik Orsenna, Max Gallo…

Le départ de Claude Durand, âgé de 70 ans, n'est pas une surprise. «Nous en discutions depuis quatre ou cinq ans. En octobre dernier, il m'a écrit pour me dire qu'il souhaitait partir au printemps 2009, avec six mois d'avance sur le calendrier que nous avions fixé», relate Arnaud Noury, PDG d'Hachette-Livres. Car Fayard et Grasset sont toutes deux filiales à 100 % du groupe d'édition contrôlé par Arnaud Lagar