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Libération
Critique

Comme par enfantement

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Bébés. Pour tout savoir sur la volonté de procréation.
publié le 26 mars 2009 à 6h53

Dans le contexte actuel de l'enfant désiré et programmé, il est intéressant de citer un texte peu connu de Freud, ce que fait le psychiatre Jean-François Daubech dans un excellent article de cette nouvelle livraison de la «PBP». Freud qui écrivait en 1898 dans Résultats, idées, problèmes I : «Ce serait théoriquement l'un des grands triomphes de l'humanité, l'une des libérations les plus tangibles à l'égard de la contrainte naturelle à laquelle est soumise notre espèce, si l'on parvenait à élever l'acte responsable de la procréation au rang d'une action volontaire et intentionnelle et à le dégager de son intrication avec la satisfaction nécessaire d'un besoin naturel.» Lignes qui entrent en résonance avec l'histoire privée de Freud lui-même…

Mais ce Freud militant ne pouvait évidemment pas imaginer qu'un siècle plus tard, avec l'émancipation des femmes, et une fois obtenues la contraception et la dépénalisation de l'avortement, cette désintrication pulsionnelle ne serait pas toujours si simple à vivre pour nombre de parents potentiels. Le fameux désir d'enfant brandi à tout propos (et hors de propos, jusque dans les termes de la loi) illustre parfaitement un des avatars de ces conflits possibles entre le conscient et l'inconscient. Car, pour reprendre les termes de Jacques André dans l'introduction, si «la liberté politique est réjouissante, la liberté psychique est angoissante». De nos jours, poursuit-il, «il ne suffit plus de "faire" un enfant,