Le Rose Fountain Motel, c’est le rêve de Margaret, l’épouse autrichienne de Jojo. Elle se verrait bien installer dans la maison familiale un hôtel, chaque chambre aurait une couleur différente, à la cave on ouvrirait un restaurant français qu’on appellerait Le faucon, al-Baz en arabe. Al-Baz, c’est le nom de la famille de son mari. Bien sûr, il faudrait d’abord vider la cave de ses occupants, la famille Mani’, des Bédouins installés depuis des années et qui servent de domestiques aux Al-Baz. Bien sûr, c’est impossible, quand la famille est fatiguée des délires de Margaret, on se charge de le lui faire savoir. Comme d’habitude, Margaret part arroser les plantes, fumer une cigarette et pleurer en haut de l’escalier.
«Oasis». Rose Fountain Motel se passe à Ayn Wardeh, près de Beyrouth, pendant et après la guerre, dans une famille de la bourgeoisie chrétienne qui a connu des jours plus glorieux. C'est un des meilleurs romans arrivés du Liban ces dernières années, et sa traduction est particulièrement réussie. Son auteur, Jabbour Douaihy, raconte une histoire souvent grave, parfois tragique, sans jamais renoncer à un humour affectueux pour ses personnages et à un sens très vif de l'absurdité des situations, même quand il est question d'amour, de maladie ou de guerre.
Dans la famille Al-Baz, il y a Réda, le fils cadet, champion d'échecs, beau, intelligent, qui passe ses jours et ses nuits sur son ordinateur. Il a toujours été sauvage ; depuis que des taches blanches co