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Libération

Attrape-couillons

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publié le 9 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 avril 2009 à 6h52)

Evénement considérable dans le monde des lettres : l'hebdomadaire britannique The Spectator a obtenu une interview de J.D. Salinger, l'écrivain le plus insaisissable du système solaire. Voici l'intégralité de cet entretien, qui tient en deux mots : «Oh, no !» (ceci jeté par Salinger à sa femme, qui l'informait qu'un journaliste était devant la maison et désirait lui parler). Citer le grand homme entre guillemets est une performance dont l'envoyé spécial du Spectator s'autorise à souligner le caractère exceptionnel : «C'est sans doute un peu succinct, mais c'est ce que Salinger a déclaré de plus long aux médias depuis des années.» Félicitations à notre confrère.

Le dernier «vrai» entretien avec l'auteur de l'Attrape-cœurs date du 13 novembre 1953. Il a été réalisé par une fille de 16 ans pour le canard de son collège. Depuis, bien peu de choses. En 1974, Salinger a concédé quelques mots au téléphone à une journaliste du New York Times. A accordé dix minutes à un reporter de Oui Magazine en 1978, et vingt à une envoyée spéciale de la Paris Review en 1981. Pendant ce temps, Philippe Sollers usait assez de salive pour remplir un tonneau.

Cela fait des décennies que J.D. Salinger vit en reclus dans une ferme du New Hampshire. Il n'a rien publié depuis 1965. Pourtant des hordes de journalistes continuent de venir se fracasser contre la porte de sa maison, inlassablement. Chacun repart, au mieux, avec une maigre