La dernière fois qu'on a entendu parler de Louis Wolfson, c'était en 1984. Depuis, rien. Les lettres envoyées par son éditeur français sont restées sans réponse, on ne sait même pas s'il est mort ou vivant. Peut-être la publication ce mois-ci du Dossier Wolfson, presque quarante ans après le Schizo et les langues, provoquera-t-elle des réactions. Le Schizo et les langues est un livre littéralement extraordinaire : ni témoignage, ni littérature, ni œuvre de «fou littéraire», il a été publié par Gallimard en janvier 1970 et est rapidement devenu un livre culte. C'est un des textes qui (comme Mars de Fritz Zorn, en 1979) ont secoué toute une génération d'intellectuels et d'étudiants, en France, mais aussi aux Etats-Unis et en Italie. Depuis quarante ans, il continue à être acheté (100 exemplaires par an ces dernières années, 10 000 en tout) et à engendrer d'autres textes.
Dossier Wolfson raconte à la fois les circonstances rocambolesques de la publication et les échos que le livre a provoqués, suscitant des textes de Michel Foucault, Piera Aulagnier, Max Dorra, Paul Auster, Gilles Deleuze, J.M.G. Le Clézio, Pierre Alferi et François Cusset. C'est Thomas Simonnet, jeune éditeur chez Gallimard né en 1974, qui a rassemblé le Dossier, après être tombé sur le Schizo dans la bibliothèque familiale et en avoir parlé avec son voisin de bureau, le psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis, qui avait publié Wolfson dans sa collecti