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Libération
Par Laurent Joffrin

Maurice Druon, vieux réac, jeune résistant

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Académie. L’écrivain est décédé hier.
publié le 15 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 15 avril 2009 à 6h52)

C’est la mort d’un vieux réac au fond très respectable. Ecrivain doué mais académique, gaulliste tendance archaïsme, ministre de la Culture calamiteux et essentiellement passéiste, Maurice Druon, pendant l’essentiel de sa vie publique, a symbolisé un certain ordre pompidolien, un peu ganache, un peu censeur. Il s’était, si l’on peut dire, rattrapé avant.

Provoquant. Prix Goncourt en 1948 pour les Grandes Familles, il est sous la IVe et la Ve Républiques, écrivain engagé sur la droite du gaullisme. Auteur populaire, père de la saga historique des Rois Maudits, transformée en série télévisuelle à l'immense succès, il est nommé ministre de la Culture par Georges Pompidou, successeur scrogneugneu et pâlichon d'André Malraux ou de Jacques Duhamel. Sarkozyen avant l'heure, il cultive le style provocant qui plaît à la droite profonde tout en faisant enrager la gauche culturelle. Dans la France de l'après-68, le monde de la création est d'humeur révolutionnaire. Le ministre s'en offusque et fustige: «Ceux qui viennent à la porte du ministère avec une sébile dans une main et un cocktail Molotov dans l'autre devront choisir.» La menace de censure contenue dans la formule, qui s'exercera finalement assez peu, suscite l'ire de Roger Planchon, de Jean-Louis Barrault ou d'Ariane Mnouchkine. Le monde la culture manifeste contre lui. Maurice Clavel l'avait déjà assassiné en écrivant que la présence de Druon rue de Valois devra