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Libération

Fromage de l’auteur

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publié le 16 avril 2009 à 6h53

Sur le Web, l'encre ne sèche jamais. On rédige, efface, déplace, allonge, retouche, ourle sans que rien ne soit définitif. Les phrases surgissent et disparaissent comme morilles en avril. Or, lorsque les mots et les morts ne peuvent se fixer, ils reviennent nous visiter avec l'opiniâtreté d'esprits frappeurs. Nous nous emploierons à leur donner ici une sépulture de papier. Requiescat in pace !

La semaine dernière, dans le cadre d'une enquête sur l'histoire littéraire du XXe siècle (à paraître fin avril), nous avons envoyé aux quatre coins du monde une giboulée de mails, dont quelques-uns sont allés frapper la vitre de l'écrivain François Bon. Qui répondit. Nous relançâmes. De fil en aiguille et d'aiguille en botte de foin, nous en vînmes à demander : «Qu'est-ce qu'un grand auteur ?» Il pianota : «Un auteur qu'on a besoin de rouvrir. Où l'on trouve des harmoniques qu'on n'avait pas attrapées la première fois.» François Bon, biographe de Jimi Hendrix, lit avec les oreilles, c'est une bonne idée.

Notre échange s'est retrouvé instantanément sur le Web, car Bon entretient un site (Tierslivre.net) où il aime à jouer avec l'écriture électronique, sans nécessairement prévenir ses correspondants. C'est ainsi que d'autres claviers ont pu participer au débat du jour, en temps réel comme on dit. «Jf paillard» dressa cet épouvantail : «Un grantauteur est grand, tout en hauteur, emmanché d'un plumet. Ustensile éminemment bourgeois (c'est-à-dire destiné à c