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Libération
Critique

Manil Suri, je vous salue Mira

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Inde. Traduction française de «The Age of Shiva».
publié le 16 avril 2009 à 6h53
(mis à jour le 16 avril 2009 à 6h53)

Manil Suri avait déjà travaillé plusieurs années sur son nouveau roman, The Age of Shiva, lorsqu'il s'est rendu compte que le personnage le plus intéressant de son histoire n'était pas Shiva - ou plutôt son incarnation dans le roman, le jeune Ashvin -, mais sa mère, Mira. Il a tout repris, mais il était trop tard pour changer le titre : son précédent roman, la Mort de Vichnou, avait eu un tel succès (avec notamment 27 traductions) que la publication de The Age of Shiva avait été annoncée longtemps à l'avance. L'éditeur français a néanmoins choisi un autre titre, que Manil Suri préfère, et de loin. Mother India a aussi l'avantage de faire référence à un classique du cinéma mettant en scène une mère héroïque.

Tyran.Mother India, le livre, raconte les quarante premières années de la vie d'une femme, il raconte aussi les trente premières années de la vie de l'Inde. Son héroïne, Mira, vit à Delhi, elle appartient à une famille hindoue originaire de Rawalpindi, une ville devenue pakistanaise avec la Partition. Le père, un éditeur cultivé, laïque, féministe, a réussi à recréer à Delhi son mode de vie, y compris ses amitiés avec des écrivains et musiciens musulmans. Que cet intellectuel éclairé soit aussi un tyran domestique qui méprise sa femme et manipule ses trois filles est une autre histoire qui fera le malheur, ou en tout cas le destin, de Mira. C'est à cause de son père que Mira sera contrainte d'arrêter ses études,