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Libération
Critique

Quand la psy cause toujours

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Le cahier Livres de Libédossier
Roman noir. Susanna Moore s’enferme dans une prison pour femmes.
publié le 16 avril 2009 à 6h53
(mis à jour le 16 avril 2009 à 6h53)

A lire la presse américaine, Susanna Moore, 64 ans, est un drôle d'oiseau, grande femme pète-sec aux longs cheveux gris, tatouée, bagousée, qui a baroudé à travers le monde, de Hawaï où elle est née à l'Afrique, l'Europe, et bien sûr les Etats-Unis où elle écrit. En 2003, à l'occasion de la sortie d'In the Cut, film de Jane Campion qui adaptait un de ses romans, elle balançait : «En France, on a prétendu que j'étais un homme car seul un homme aurait pu écrire des scènes aussi torrides. Et Catherine Millet, c'est un travelo peut-être ?»

In the Cut racontait le dévissage d'une quadra, prof d'anglais new yorkaise, qui entame une liaison trash avec un flic chargé d'enquêter sur un meurtre sexuel auquel elle a assisté. Les femmes à la limite de l'implosion, lestées par une enfance compliquée (mère folle notamment), empêchées ou contraintes dans leur sexualité, sont des constantes chez Moore, dont la mère dépressive a été retrouvée morte quand elle avait 12 ans. Dans le genre, Adieu ma grande, son septième roman,atteint des sommets.

Mètre.Ce livre choral a pour décor une prison pour femmes près de Manhattan, et pour axe un duo entre une psy, le Dr Louise Forrest, et une détenue, Helen. Helen est là pour double infanticide : elle dit avoir obéi aux voix des «Anges de la mort» (ou «Cavaliers»). Suicidaire, portée à la scarification, elle a été privée de tout, notamment du mètre avec lequel elle a l'habit