Max Eitingon fut le premier disciple étranger de Freud. Allemand (né en 1881 en Biélorussie), il fit une analyse didactique avec Freud (en «psychanalyse ambulatoire», c'est-à-dire en une douzaine de «promenades vespérales» disait Jones) et fonda en 1921 le Berliner Psychoanalytisches Institut (BPI). Mais il fut aussi un des disciples préférés de Freud et lui resta fidèle jusqu'à la mort. Il fut également - jusqu'à sa ruine en 1929 - un riche bienfaiteur, pourvoyeur de la famille Freud en argent, cadeaux divers, dont les cigares préférés du maître.
La correspondance entre les deux hommes - qui couvre une période de plus de trente ans !- présente un caractère tout à fait particulier comparé à nombre d'autres lettres de Freud (qui en a écrit quelque 30 000…). «Dans aucun de ces échanges - avec des élèves en tout cas - on ne trouve autant de plaintes sur les conséquences de l'opération de son cancer», remarque dans l'introduction à ce volume l'historien allemand Michael Schröter, spécialiste des correspondances de Freud (il a édité les Lettres à Wilhelm Fliess, PUF, 2006 pour l'édition complète en français). C'est en outre la correspondance la plus volumineuse de Freud avec un disciple, qui fut pendant longtemps un ami, presque un fils («Notre relation, passée de l'amitié à la relation filiale», écrit Freud en 1922 à «son cher Max»).
«Substitut». Pour décoder la teneur affective de ces lettres, il est significatif de s'