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Critique

John McGahern, le testament d’un fils aimant

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Irlande. Dans ses mémoires, l’auteur de «la Caserne» parcourt les sentiers de son enfance.
publié le 30 avril 2009 à 6h51

La traduction de Mémoire arrive comme un cadeau. John McGahern est mort il y a trois ans, à 71 ans, d’un cancer. Publiée en anglais quelques mois avant sa disparition, cette autobiographie a un air de testament. Peu importe l’esprit dans lequel il l’écrivit. Pour peu qu’il ait lu certains de ses trop rares romans, comme la Caserne ou le dernier Pour qu’ils soient face au soleil levant, le lecteur ne se sentira pas dépaysé. Sinon, il découvrira du pur McGahern. L’auteur irlandais ne s’est jamais aventuré hors de ses terres littéraires et géographiques. Il y avait trop à faire ici. Trop à labourer devant chez soi. Son écriture n’a jamais fait que ressasser le terreau natal, les champs et les chemins, les tourbières et la rivière, le foin et l’herbe à pieds nus, la loutre qui siffle dans le lac. Et le tragique lié à la vie quotidienne.

Violent.Les terres de McGahern se trouvent dans le Leitrim, canton du nord-ouest de l'Irlande. Aîné d'une fratrie de sept, deux garçons et cinq filles, il y a grandi. Après des années d'exil, il est revenu s'installer avec sa femme, vers 1975. Le couple a acheté une ruine à Patsy Conboy, qui avait autrefois fait fortune en Amérique, la ferme était petite et le sol était pauvre. Revenir au pays n'était pas un acte de foi ou de nostalgie. L'émotion affleure à peine mouchetée chez McGahern, les choses sont toujours ce qu'elles sont, liées à la nature qui vaque. «C'était une époque où nous aurions pu nous