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Libération
Critique

Le Kant à soi de Gérard Lebrun

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Philo. Quand le professeur français exilé au Brésil expliquait les concepts du maître de Königsberg.
publié le 30 avril 2009 à 6h51

«Il était une fois, à Königsberg, un prof de métaphysique qui parlait à ses étudiants de l'Ame, du Monde et de Dieu…» Ainsi s'ouvre cet ouvrage rassemblant des articles écrits sur Kant par le philosophe Gérard Lebrun. Une première phrase dont la liberté de ton dit l'essentiel : face aux grands auteurs, aux grands systèmes, voici un philosophe qui sait se montrer ni dédaigneux ni obséquieux - juste libre. Sous sa plume, les doctrines les plus élaborées ne sont jamais des dogmes figés, mais une matière vivante, tissée de contradictions, de tâtonnements, de mouvements, qui sont autant de jeux pour l'esprit. Pour ceux qui avaient raté un premier ensemble de textes consacrés à Hegel (l'Envers de la dialectique, paru au Seuil en 2004), Kant sans kantisme est l'occasion de découvrir à la fois une personnalité et une pratique jubilatoire de la philosophie classique allemande.

Choix.Mais qui est Gérard Lebrun ? Que la question se pose constitue déjà un élément de réponse. Né en 1930, grand ami de Michel Foucault et de Paul Veyne, Lebrun a été l'un des philosophes les plus brillants de sa génération, mais aussi celui qui aura le moins cherché la lumière. Après deux premiers ouvrages sur Kant et Hegel, qui ont servi de manuels à de nombreux étudiants, il avait cessé de publier en français à partir de 1972. Professeur à Aix, puis au Brésil, il a longtemps refusé d'enseigner à Paris et craignait plus que tout de «devenir un mandarin», disait-il. Même le