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Libération
Critique

La cadence aka dansée

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Musique. Stage de chants pygmées pour Simha Arom.
publié le 7 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 7 mai 2009 à 6h52)

Simha Arom était corniste solo à l'orchestre symphonique de la radio israélienne. Il est devenu ethnomusicologue, spécialiste des Pygmées Aka et chercheur au CNRS. Aujourd'hui, à 78 ans, il publie la Fanfare de Bangui, où il raconte comment, alors qu'il s'ennuyait ferme en Israël, il a été envoyé en République centrafricaine pour y former une fanfare, on était en 1963.

La fanfare ne voit jamais le jour, mais Simha Arom crée un chœur et un musée ethnologique. Et, surtout, il découvre les chants pygmées qui le bouleversent. «Je sentais que leur musique venait du fond des âges, mais aussi, d'une certaine manière, du plus profond de moi-même.» Il n'a éprouvé ça qu'une autre fois : en découvrant Bartók. Pour l'auditeur occidental confronté pour la première fois à la musique aka, explique-t-il, c'est un «foisonnement inextricable», pourtant sous-tendu par une «rigoureuse organisation rythmique et mélodique», une organisation qu'il mettra trente ans à décrypter.

Enquête.Il y a une chose presque miraculeuse dans ce livre : Arom arrive à nous faire comprendre des histoires de rythmique et d'échelle pentatonique, il arrive même à nous y intéresser. Pour qui l'a vu, durant son séminaire, obliger ses étudiants à aller au bout d'une réflexion et les faire danser pour trouver le rythme (binaire ou ternaire ?) d'un air de candomblé, ce n'est pas si surprenant. Dans le livre, on le voit pénétrer la structure de la musique aka à l'aide d'une