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Libération

Les Bouquins d’abord

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Saga. De Guy Schoeller à Jean-Luc Barré, trente ans d’encyclopédie populaire à couverture souple.
publié le 7 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 7 mai 2009 à 6h52)

Une collection, c’est un homme. Il arrive qu’elle ne meure pas avec lui, ni même plus tard, quand les souvenirs de l’un ne suffisent plus à alimenter la vie de l’autre. Son caractère s’adapte aux successeurs qu’elle soumet à l’esprit du créateur.

«Bouquins» est une collection de trente ans, excentrique et cultivée, bonne vivante et exigeante, d’une aristocratie populaire et foldingue. Fondée par le vieux condotierre Guy Schoeller, mort en 2001, puis relayée avec originalité par un demi-esthète gonflé aux pompes de l’histoire, l’écrivain Daniel Rondeau, elle a eu ce destin mi haute-couture, mi prêt-à-porter, assez inimitable pour être rapidement imité. D’autres collections, «Quarto» chez Gallimard, «Omnibus» aux Presses de la Cité, «la Pochothèque» chez Hachette, ont su décliner ce qu’elle avait inventé : le gros format à couverture souple, où l’obsession de quelques érudits parvient à réjouir le plus grand nombre. Le plagiat est un hommage que l’édition sait rendre à la vertu.

Comment définir «Bouquins» ? Son troisième et nouvel homme, Jean-Luc Barré, auteur chez Fayard d'une biographie à émotion de François Mauriac, refuse le qualificatif ordinaire de «Pléiade du pauvre», en effet impropre. Il y voit plutôt «un cabinet de curiosités, avec quelque chose de très ludique et d'audacieux conforme à son fondateur, et aussi un outil pédagogique essentiel». Précisons : un cabinet populaire de curiosités. N'importe quel homme, honnête ou pas, peut endurer l'île déserte avec l