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Libération
Critique

Graphiques d’influence

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Le cahier Livres de Libédossier
Xylographie. L’âge d’or du roman tout en vignettes.
publié le 14 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 mai 2009 à 6h51)

Parfois, des choses très simples deviennent très compliquées. Par exemple, il y a des artistes qui dessinent. Ils ont un truc à dire. Puis viennent des sectateurs de dieux opposés (l’un s’appelle l’art, l’autre la bande dessinée) qui décident que, selon que le sens est délivré en une image ou en plusieurs, avec des mots ou sans, on a des objets différents, des nobles et des ignobles, des histoires ou pas d’histoire (ils ne prennent pas en compte celle que se raconte chaque spectateur et qui transforme par exemple un tableau en récit essentiellement elliptique).

«Chaînon». Du coup, cet ouvrage s'intitule en anglais Livres sans paroles. Les Premiers Romans graphiques, c'est-à-dire qu'il tente de légitimer la bande dessinée en la renommant «graphic novel» et en cherchant sa filiation dans les gravures de Kirchner plutôt que dans la pornographie de colportage. Will Eisner avait déjà défendu ce point de vue, et Scott McCloud, lequel donne dans son Art invisible Lynd Ward comme un des «chaînons manquants» d'une histoire laudative de la BD (à côté d'Une semaine de bonté de Max Ernst). Sauf qu'à ce jeu-là, tout est assez vite dans tout, et qu'on peut remonter sans peine aux Passions de Dürer. Quant à imputer la syntaxe muette de nos BD modernes aux woodcut novels («romans gravés sur bois») plutôt qu'au cinéma de Griffith, cela semble assez arbitraire.

Peu importe donc de savoir si Spiegelman a été inspiré