Hans Georg Klamroth est mort, pendu, le 26 août 1944. Il faisait partie des conjurés qui ont tenté d’assassiner Hitler le 20 juilllet 1944. Soixante ans plus tard, sa fille, Wibke Bruhns, une journaliste allemande, essaie de reconstituer l’histoire d’un père qu’elle n’a quasiment pas connu. Hans Georg, que tout le monde appelait HG, appartenait à la bourgeoisie prussienne, il était officier de réserve dans la cavalerie et gérant avisé du négoce familial. Wibke raconte les parents de HG - Gertrud, vaguement mesquine, Kurt, tolérant et aussi ouvert que l’époque le permettait -, la rencontre avec Else qu’il épouse par amour, elle décrit une société qui ne plaisantait pas avec les conventions sociales et sexuelles mais qui laissait de l’espace pour la chaleur et la générosité individuelles.
Douceur de vivre. C'est une époque où on écrivait beaucoup, énormément. Lettres, «livres d'enfants» tenus par les mères, listes de cadeaux, journaux intimes et journaux de voyage de noces… une inépuisable mine de documents produits par des gens qui prenaient le temps d'écrire pour garder une trace. «Nous chantons des chants hitlériens avec le père», note fièrement Else. Une photo montre le père au piano, entouré d'enfants radieux qui tendent le bras («Heil !») autour de lui. Else entretient religieusement les rituels : pommes au four et lecture de contes au coin du feu le jour de la première neige, réunion dans une pièce éclairée seulement par les bougies de