Menu
Libération
Critique

Traumas d’Arménie

Article réservé aux abonnés
Génocide. Psy et filiation pour un travail de mémoire.
publié le 28 mai 2009 à 6h53
(mis à jour le 28 mai 2009 à 6h53)

Le génocide qu'a subi le peuple arménien entre 1908 et 1918 n'a été que récemment inscrit dans la mémoire occidentale, et encore pas partout, en particulier pas par l'Etat Turc actuel. En France, cette chape de plomb a commencé à se fissurer lorsqu'en 1981 un groupe de jeunes Arméniens, en colère devant le déni massif qui oblitérait ce massacre, décida d'occuper le consulat général de Turquie à Paris. Le mouvement de ces courageux jeunes hommes a eu une portée historique : après moult reculades le gouvernement français a fini par voter, en janvier 2002, une loi qui reconnaissait publiquement ce génocide, dont il faut savoir qu'il servit de «modèle» à Hitler qui écrivait dans une lettre datée du 22 août 1933, pour justifier le génocide du peuple juif : «Notre force réside en notre rapidité et notre brutalité […] Qui se souvient encore du massacre des Arméniens ?» (phrase citée par Janine Altounian dans un texte de 1996). C'est ainsi que la fille du survivant a décidé de prendre la parole.

Le livre actuel a cependant une portée plus large que celle, personnelle, de l’histoire de l’auteur : c’est un ouvrage à plusieurs voix qui porte sur la question de la transmission d’un héritage traumatique aux survivants et à leur descendance.Il s’articule autour d’un étonnant fac-similé du journal de déportation tenu par Vahram Altounian, jeune adolescent alors âgé de 14 ans (la calligraphie est en outre dotée d’une étonnante force expressive, les caractères formant autant de petit