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Libération
Critique

La lubie du jeune Bilal

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Enfance. Le fils d’un marabout kabyle adopte un prof de médecine.
publié le 4 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 4 juin 2009 à 6h53)

Les romans de Célia Houdart - nous en tenons désormais deux - sont de grands romans miniatures. Le genre est là tout entier, la mémoire, la vie, l'amour, la mort. Mais en modèle réduit : cent pages pour le premier, les Merveilles du monde (P.O.L, 2007), vingt de plus pour celui-ci, le Patron, l'histoire d'un attachement. Bilal, 13 ans, fils d'un couple de marabouts kabyles, habitant cité Pierre-Brossolette au Perreux, se fait adopter par un professeur de médecine.

Le Patron aurait pu s'appeler le Jeune Bilal. C'est comme ça qu'à l'hôpital on l'appelle. D'abord l'interne, le jour où Bilal vient passer une IRM car on craint les conséquences d'un traumatisme crânien, il s'est cogné, a vomi. Puis la secrétaire, quand il débarque à Lariboisière, dans le service de neurologie, en prétendant qu'il a rendez-vous : «Le jeune Bilal est là», dit-elle afin qu'on prévienne le professeur Pierre Wilms. A la suite de cette seconde visite, Bilal se rend au domicile dudit patron, 34, quai de Béthune.

«Bonbons». Le plus souvent, le point de vue est celui du garçon. C’est ce qui donne au texte son côté pur, poings serrés, attention farouche à certains détails, «la métamorphose des bonbons» dans la bouche, ou «les modèles de jeans et de baskets» commentés avec l’amie Iris. Il est amusant de penser que la modernité de Célia Houdart vient de ce qu’elle ne se cantonne pas au regard de Bilal. Elle file en Algérie donner le point de vue des paren