Siri Hustvedt est l’auteur de plusieurs romans. Son dernier livre est un recueil d’essais écrits entre 1995 et 2004. Dans plusieurs d’entre eux, elle réfléchit sur la manière dont sa famille, le luthérianisme norvégien et une constitution neurologique particulière ont participé à la formation de sa personnalité. Le mari auquel elle fait référence est l’écrivain Paul Auster.
«Le texte intitulé "Extrait d'une histoire du moi blessé" était une commande d'une revue norvégienne qui m'avait demandé une autobiographie intellectuelle. J'ai commencé avec la liste de mes lectures, c'était prétentieux, ennuyeux, je l'ai lu à mon mari, on s'est regardés, "c'est horrible". Je l'ai déchiré et je me suis demandé : bon, c'est quoi, une autobiographie intellectuelle ? Est-ce que ça n'est pas aussi l'expérience, les émotions, pourquoi on est attiré par certaines idées plutôt que par d'autres ?
«Je me suis débarrassée de "j'ai lu ça et ça", en plus, tous les gens qui aiment lire ont plus ou moins lu la même chose, les mêmes classiques de la littérature occidentale. Ça dit quoi ? Rien.
«Donc mes expériences et émotions. Je viens d’une famille exceptionnellement aimante, non conflictuelle. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que ce n’était pas la norme. Mon mari dit que ma famille est bizarre, toute cette harmonie ! Ce n’est pas que je ne me sois jamais disputée avec mes sœurs, mais nous sommes très bonnes amies. Mes parents étaient profondément b