Lorsque les bombes soviétiques écrasèrent la ville de Königsberg en Allemagne, une partie de ses habitants s'enfuit et trouva refuge au Paraguay où ils fondèrent Nueva Königsberg, reconstruisant la cité natale de Kant, y compris les sept ponts propices au problème mathématique que l'on sait : sept ponts sur une rivière, deux îles, comment revenir à son point de départ en n'empruntant chaque pont qu'une seule fois. Ils s'habillèrent comme Kant et refirent chaque jour à 3 heures la célèbre promenade de l'auteur des trois Critiques.
«Laivin». Ce fait historique hallucinant fut révélé il y a dix ans, lors de la publication de la Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, série de conférences prononcées à Nueva Königsberg par Jean-Baptiste Botul (1896-1947), le philosophe bien connu du botulisme, un an avant sa mort.
S'inspirant de l'incroyable biographie de Botul, mais puisant également dans le feuilleton, l'eau de rose, le théâtre ou la chanson («ah, tu verras, tu verras !») en plus de De Quincey pour les Derniers Jours d'Emmanuel Kant, Paul Vacca entreprend ici de nous découvrir les mœurs et les angoisses des colons de Nueva Königsberg. Ceux-ci, vivant selon les préceptes kantiens, sont en effet devenus à l'orée de son roman de véritables «sujets transcendentaux qui avaient laissé leur sujet empirique […] en Europe. […] Dans chacune de leurs actions et de leurs pensées, ils tâchaient de faire un, de produire