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Libération
Critique

Les Chinoises s’éveillent

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Usines. Le parcours de deux jeunes femmes fuyant la misère des campagnes.
publié le 11 juin 2009 à 6h53

On a tous vu les vertigineuses images des usines chinoises. Leurs ouvriers par milliers, alignés pour l’appel matinal ou rivés aux interminables chaînes d’assemblage. Les dortoirs à perte de vue, qui ne se distinguent que par la couleur des uniformes mis à sécher aux fenêtres. Le photographe Edward Burtynsky, exposé à Beaubourg ou au MoMa, en a conçu une œuvre fascinée, esthétique, où pointe la fin de l’humanité.

On a tout lu aussi sur le formidable essor de la Chine, la croissance à deux chiffres et le spectaculaire développement de Shenzhen, atelier du made in China. Port de pêche il y a trente ans, plus grande zone industrielle du monde aujourd'hui. Mais que sait-on des ouvriers penchés douze heures par jour sur des Mickey en peluche ou des pièces d'iPhone ? Ce sont les mingong, les migrants, carburant inépuisable de la plus puissante économie mondiale. Ils seraient 200 millions à avoir fui en vingt ans la misère et l'ennui des campagnes sacrifiées par les pouvoirs publics chinois. Une masse de jeunes gens, entre 16 et 30 ans, recrutés sur leur physique, les hommes doivent mesurer 1,70 mètre, les femmes 1,60 mètre. Pensent-ils, vivent-ils, rêvent-ils, se révoltent-ils ?

Karaoké et pizzas.Leslie Chang, journaliste américaine d'origine chinoise, a partagé pendant des mois la vie de Min et Chunming, deux jeunes paysannes propulsées dans la tentaculaire ville de Dongguan, dans le delta des Perles. Min y est arrivée en mars 2003, le mois de ses 17 ans,