Cette fois, c'est avéré. Maurice Blanchot avait inventé Facebook. La preuve, il passa sa vie à être ami avec des gens qu'il ne rencontra jamais. Vers 1998, il révolutionna même le courriel en incluant les google ads dans le corps du texte. Qu'on en juge : «Très cher Vadim, Oui, j'ai bien reçu Po&sie avec votre texte que j'ai apprécié. Chaque mois je reçois Po&sie, une revue qu'il faut lire. Merci pour tout ce que vous m'écrivez, mais les enfants ? qui n'en sont plus. Mes pensées vont à Ira, à vous, à la Russie incertaine. Ecrivez-moi, j'en suis heureux. Moi aussi, je vous embrasse M.B.»
Cette lettre est la dernière de la suite adressée au poète russe Vadim Kozovoï (1937-1999) et presque la plus courte, d’une écriture égratignée, rabougrie si on la compare aux rondeurs de 1977, au début de leur correspondance : onze fac-similés en témoignent. Car, comme on s’en doute, c’est moins l’histoire de Kozovoï qui intéresse ici - les difficultés d’un dissident traducteur de Char et de Michaux dont seules quelques lettres figurent en annexe - que la découverte d’un Blanchot «privé» mais à l’écoute du monde extérieur, suggérant diplomatiquement à son ami démuni de ne pas solliciter trop d’institutions à la fois, ou spéculant sur les rapports de Mitterrand avec l’URSS.
«Cosmos». Les lecteurs de plus de 50 ans se rappellent toutefois que Blanchot a été l'écrivain du silence, refusant le contact physique avec le monde, et dont on ne connai